[Ciné] Splice : Frankenstein des temps modernes ?

Plus de dix ans après le succès de Cube, le réalisateur Vincenzo Natali revient sur grand écran avec Splice, film de science-fiction traitant entre autres du clonage humain et des progrès de la génétique.

Synopsis : Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l’un de l’autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent alors Dren, une créature hybride mi-ange, mi-démon...

Sur fond d'enjeux politiques et d'expériences biogénétiques, Vincenzo Natali réussit le pari de ne pas faire un film de "monstre" à proprement dit. En effet, Splice dépasse les clichés des questions d'éthique pour aborder une une voie moins empruntée : celle passant au microscope les relations de ce couple scientifique avec leur création Dren.

Le scénario se repose sur un nombre limité de personnages pour créer un cercle intimiste autour de ce drame psychologique.
Les protagonistes joués avec brio par Adrian Brody et Sarah Polley, forment un couple de scientifiques heureux sous tout rapport. Mais l'arrivée de Dren, hybride animal/humain, fruit de leur génie, va chambouler leur existence en faisant rejaillir en eux leurs frustrations .
D'un côté, Clive, qui souhaiterait fonder une famille et de l'autre Elsa, qui reste traumatisée par son enfance. Ainsi, sans s'en rendre compte, ils vont s'improviser parents adoptifs de cette larve qui peu à peu va se transformer en un être de toute beauté mais dangereux - l'enfant qu'ils n'ont jamais eu.

Cependant, au fur et à mesure de sa croissance, Dren sera en quête d'épanouissement sans jamais être satisfaite car contrainte de vivre cachée. Quant à ses parents, ils se retrouvent vite dans une situation de non-retour et ne parviennent pas à dissiper leurs inquiétudes, laissant un malaise s'instaurer entre eux...
Jusqu'à un final, seul réel petit moment d'action, où le drame inéluctable se termine en apothéose dérangeante révélant les travers humains.

Splice a le mérite de jouer sur plusieurs tableaux tout en évitant de bâcler son histoire. Visuellement parlant, l'ensemble du film est sobre mais efficace.
De plus, Dren (interprété par Delphine Chanéac) est l'une des plus belles mutantes vues au cinéma grâce à une savante combinaison d'effets numériques et de maquillages. Son androgénie sera d'ailleurs très bien utilisée pour créer une ambiguïté sexuelle troublante.

Un excellent film de science-fiction à l'histoire très aboutie même si Vincenzo Natali n'évite pas quelques maladresses. Traitant d'un sujet pourtant banal en science-fiction, Splice remet les manipulations génétiques en y apportant une dimension sentimentale jamais aussi bien traitée rappelant Frankenstein.
Et puis merde, ça fait du bien de revoir Adrian Brody dans un bon film !

Ma note :

Bande-annonce :