Ce matin, nous nous levons tôt pour une journée qui s’annonce longue et émouvante : aujourd’hui nous partons visiter les camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Le premier bus pour Oswiecim (Auschwitz en polonais) part de la gare routière de Cracovie à 8h20. En attendant, nous prenons notre petit-déjeuner sur le quai…
Nous arrivons devant les portes du musée environ 1h30 plus tard et ma première impression est l’étonnement, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de gens et de bus touristiques.
Par chance, nous sommes pile à l’heure pour la première visite guidée en français de la journée qui débute à 10h30.
Mais avant cela, nous devons obligatoirement déposer nos sacs à la consigne puis récupérer notre audioguide. En effet, pour avoir un certain confort pratique mais aussi pour faire preuve de respect lors de la visite du camp d’Auschwitz I, nous avons tous un casque qui nous permet d’écouter notre guide sans que celui est à hausser la voix mais aussi pour que nous puissions l’entendre à tout moment et ainsi accorder à chaque pièce le temps que l’on veut lui consacrer sans courir après le groupe.
Nous rejoignons notre guide et commençons la visite d’Auschwitz I qui a principalement été un camp de concentration . Les prisonniers étaient tous soumis au travail forcé comme le rappelle la cruelle et mensongère inscription « Arbeit Macht Frei », le travail rend libre.
La grande majorité du camp a été restaurée pour servir de musée et chaque block a été aménagé pour accueillir des expositions permanentes soit sur Auschwitz en général, soit sur une thématique bien précise, soit centrées sur un pays en particulier. Le pavillon français est, par exemple, installé dans le block 20.
Malgré toutes les lectures et autres documentaires que j’avais regardés sur le sujet, notre guide a été une source d’informations inépuisable, m’apprenant toujours plus de choses et répondant à toutes les questions posées.
Nous sommes assommés par les chiffres et les faits, surtout ceux méconnus : 55 000 juifs déportés de Grèce, des centaines de femmes cobayes pour des expériences de stérilisation pratiquées par Carl Clauberg, 216 000 enfants gazés, 200 femmes forcées de se prostituer dans un bordel ouvert par Himmler…
L’horreur est omniprésente dans ce lieu qui pourtant cache bien son jeu sous ce soleil de plomb.
Les salles les plus émouvantes sont celles regroupant les effets personnels des déportés : valises, prothèses et béquilles, brosses à dents, chaussures, lunettes, vaisselle…
La vitrine la plus poignante est celle contenant plusieurs tonnes de cheveux, cheveux qui étaient ensuite vendus à diverses entreprises (fabrication de tapis, chapeaux en feutre, couverture etc.).
À ce moment-là, je me demande vraiment comment certains ne se sont pas doutés de ce qu’il se passait derrière ces barbelés…
Partiellement reconstituée, nous pénétrons dans la première chambre à gaz.
Après avoir testé différentes méthodes d’exécution, Rudolf Höss, commandant du camp décide en 1941 d’utiliser le Zyklon B, un pesticide, pour l’élimination de masse.
Le four crématoire que nous visitons a servi à petite échelle (car trop petit) pendant deux ans avant qu’il ne soit reconverti en bunker.
Nous nous remettons doucement de toutes ces atrocités que nous venons d’ingérer en 2h et quittons le camp souche.
Après avoir récupéré nos affaires et fait une courte pause, nous rejoignons notre guide près de la navette qui va nous conduire 3 kilomètres plus loin au camp d’extermination d’Auschwirz Birkenau II.
Birkenau est l’endroit qui m’aura le plus ému de par son immensité et pour cause, il fait 170 hectares (contre 20 pour Auschwitz I). Des cheminées, des barbelés et des grilles à perte de vue.
Nous entrons par la porte principale et longeons les rails vers la tristement connue Judenrampe où les déportés étaient sélectionnés (ceux qui allaient être gazés et ceux destinés au travail forcé) dès leur descente du wagon. La rampe que nous voyons est celle de 1944 lorsqu’elle a été prolongée pour arriver jusqu’à l’intérieur du camp.
Il ne reste aucun baraquement d’origine, nous entrons donc dans l’un de ceux qui a été reconstruit pour mieux cerner les conditions de vie des prisonniers – aucun mot ni adjectif ne peut décrire ce que ces personnes ont vécu. Sans compter que Birkenau a été bâti sur une zone marécageuse.
Nous enchaînons par les latrines, ces toilettes qui représentaient aussi bien l’espoir que la mort.
L’espoir pour ceux qui y travaillaient et échappaient ainsi aux gardes qui ne voulaient pas s’en approcher à cause de l’odeur ou encore pour ceux qui les utilisaient comme un lieu de troc.
La mort pour tous ceux qui souffraient de la maladie la plus commune du camp, la dysenterie.
Nous marchons ensuite jusqu’aux ruines des chambres à gaz.
Entre les crématoires, un monument à la mémoire des victimes a été érigé par un comité international. Vingt-deux plaques commémoratives sont tous les jours fleuries par les visiteurs comme par exemple ce groupe scolaire venu d’Israël qui dépose une gerbe avant de réciter une prière.
Notre guide nous laisse au pied de ce mémorial, la visite guidée s’arrête ici.
Néanmoins, il est possible de rester sur le site pour mieux l’appréhender – le guide nous indique le chemin à suivre pour aller voir le Sauna.
Construit sur le tard, c’est dans ce bâtiment que les nouveaux déportés étaient enregistrés, tatoués, déshabillés, désinfectés, tondus et dépossédés de leurs biens. Nous suivons le parcours du bâtiment jusqu’à la salle principale où sont exposées des photographies que les déportés avaient emmenés dans leurs bagages.
Avant de partir, nous passons devant une fosse où étaient jetées les cendres des défunts… Parfois au lieu de faire partir les cendres dans des camions qui les déversaient dans les fleuves aux alentours (comme la Vistule), certains jetaient directement les cendres dans les fosses du camp…
Chacun a ses propres raisons de venir voir ou pas les camps de la mort. Néanmoins pour ceux qui le souhaitent, le musée d’Auschwitz Birkenau a tout fait pour rester dans la sobriété et le devoir de mémoire. De plus, bénéficier d’une visite guidée permet d’avoir un nouvel éclairage sur cette période de l’histoire et de voir plus loin que dans la majorité des livres scolaires.
Une visite qui permet de remettre ses idées en place et de tout reconsidérer…
Le premier bus pour Oswiecim (Auschwitz en polonais) part de la gare routière de Cracovie à 8h20. En attendant, nous prenons notre petit-déjeuner sur le quai…
Nous arrivons devant les portes du musée environ 1h30 plus tard et ma première impression est l’étonnement, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de gens et de bus touristiques.
Par chance, nous sommes pile à l’heure pour la première visite guidée en français de la journée qui débute à 10h30.
Mais avant cela, nous devons obligatoirement déposer nos sacs à la consigne puis récupérer notre audioguide. En effet, pour avoir un certain confort pratique mais aussi pour faire preuve de respect lors de la visite du camp d’Auschwitz I, nous avons tous un casque qui nous permet d’écouter notre guide sans que celui est à hausser la voix mais aussi pour que nous puissions l’entendre à tout moment et ainsi accorder à chaque pièce le temps que l’on veut lui consacrer sans courir après le groupe.
Nous rejoignons notre guide et commençons la visite d’Auschwitz I qui a principalement été un camp de concentration . Les prisonniers étaient tous soumis au travail forcé comme le rappelle la cruelle et mensongère inscription « Arbeit Macht Frei », le travail rend libre.
La grande majorité du camp a été restaurée pour servir de musée et chaque block a été aménagé pour accueillir des expositions permanentes soit sur Auschwitz en général, soit sur une thématique bien précise, soit centrées sur un pays en particulier. Le pavillon français est, par exemple, installé dans le block 20.
Malgré toutes les lectures et autres documentaires que j’avais regardés sur le sujet, notre guide a été une source d’informations inépuisable, m’apprenant toujours plus de choses et répondant à toutes les questions posées.
Nous sommes assommés par les chiffres et les faits, surtout ceux méconnus : 55 000 juifs déportés de Grèce, des centaines de femmes cobayes pour des expériences de stérilisation pratiquées par Carl Clauberg, 216 000 enfants gazés, 200 femmes forcées de se prostituer dans un bordel ouvert par Himmler…
L’horreur est omniprésente dans ce lieu qui pourtant cache bien son jeu sous ce soleil de plomb.
Les salles les plus émouvantes sont celles regroupant les effets personnels des déportés : valises, prothèses et béquilles, brosses à dents, chaussures, lunettes, vaisselle…
La vitrine la plus poignante est celle contenant plusieurs tonnes de cheveux, cheveux qui étaient ensuite vendus à diverses entreprises (fabrication de tapis, chapeaux en feutre, couverture etc.).
À ce moment-là, je me demande vraiment comment certains ne se sont pas doutés de ce qu’il se passait derrière ces barbelés…
Partiellement reconstituée, nous pénétrons dans la première chambre à gaz.
Après avoir testé différentes méthodes d’exécution, Rudolf Höss, commandant du camp décide en 1941 d’utiliser le Zyklon B, un pesticide, pour l’élimination de masse.
Le four crématoire que nous visitons a servi à petite échelle (car trop petit) pendant deux ans avant qu’il ne soit reconverti en bunker.
Nous nous remettons doucement de toutes ces atrocités que nous venons d’ingérer en 2h et quittons le camp souche.
Après avoir récupéré nos affaires et fait une courte pause, nous rejoignons notre guide près de la navette qui va nous conduire 3 kilomètres plus loin au camp d’extermination d’Auschwirz Birkenau II.
Birkenau est l’endroit qui m’aura le plus ému de par son immensité et pour cause, il fait 170 hectares (contre 20 pour Auschwitz I). Des cheminées, des barbelés et des grilles à perte de vue.
Nous entrons par la porte principale et longeons les rails vers la tristement connue Judenrampe où les déportés étaient sélectionnés (ceux qui allaient être gazés et ceux destinés au travail forcé) dès leur descente du wagon. La rampe que nous voyons est celle de 1944 lorsqu’elle a été prolongée pour arriver jusqu’à l’intérieur du camp.
Il ne reste aucun baraquement d’origine, nous entrons donc dans l’un de ceux qui a été reconstruit pour mieux cerner les conditions de vie des prisonniers – aucun mot ni adjectif ne peut décrire ce que ces personnes ont vécu. Sans compter que Birkenau a été bâti sur une zone marécageuse.
Nous enchaînons par les latrines, ces toilettes qui représentaient aussi bien l’espoir que la mort.
L’espoir pour ceux qui y travaillaient et échappaient ainsi aux gardes qui ne voulaient pas s’en approcher à cause de l’odeur ou encore pour ceux qui les utilisaient comme un lieu de troc.
La mort pour tous ceux qui souffraient de la maladie la plus commune du camp, la dysenterie.
Nous marchons ensuite jusqu’aux ruines des chambres à gaz.
Entre les crématoires, un monument à la mémoire des victimes a été érigé par un comité international. Vingt-deux plaques commémoratives sont tous les jours fleuries par les visiteurs comme par exemple ce groupe scolaire venu d’Israël qui dépose une gerbe avant de réciter une prière.
Notre guide nous laisse au pied de ce mémorial, la visite guidée s’arrête ici.
Néanmoins, il est possible de rester sur le site pour mieux l’appréhender – le guide nous indique le chemin à suivre pour aller voir le Sauna.
Construit sur le tard, c’est dans ce bâtiment que les nouveaux déportés étaient enregistrés, tatoués, déshabillés, désinfectés, tondus et dépossédés de leurs biens. Nous suivons le parcours du bâtiment jusqu’à la salle principale où sont exposées des photographies que les déportés avaient emmenés dans leurs bagages.
Avant de partir, nous passons devant une fosse où étaient jetées les cendres des défunts… Parfois au lieu de faire partir les cendres dans des camions qui les déversaient dans les fleuves aux alentours (comme la Vistule), certains jetaient directement les cendres dans les fosses du camp…
Chacun a ses propres raisons de venir voir ou pas les camps de la mort. Néanmoins pour ceux qui le souhaitent, le musée d’Auschwitz Birkenau a tout fait pour rester dans la sobriété et le devoir de mémoire. De plus, bénéficier d’une visite guidée permet d’avoir un nouvel éclairage sur cette période de l’histoire et de voir plus loin que dans la majorité des livres scolaires.
Une visite qui permet de remettre ses idées en place et de tout reconsidérer…
9 petit(s) mot(s) - Laisser un commentaire:
J'ai lu "La mort est mon métier" qui retrace la vie de Rudolf Höss et aussi "Si c'est un homme" de Primo Levi. En faite j'ai vraiment été choqué par ce qui s'est passé las-ba en lisant ces livres.
Voir à quel point un homme peu oublié qu'il en est un.
Je voudrais quand même visiter cette endroit, voir comment c'est vraiment.
Auschwitz je l'ai visité il y a 2 ans. C'est perturbant et ça fait réfléchir. Le visiter devrait être au programme d'histoire du collège.
Je découvre ton blog via la une de Hellocoton. Il est très sympa et sera une source d'infos pour les prochains voyages que je compte bien effectuer (Lisbonne en particulier).
Comme toi j'ai lu ces deux livres ainsi que d'autres, ai regardé de nombreux documentaires et de films que ce soit sur la solution finale en Europe ou les horreurs perpétrés par les armées japonaises dans le Pacifique. Pourtant, je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut traiter ainsi son prochain et en perdre toute son humanité. C'est pourquoi je pense qu'il est nécessaire de voir ce genre d'endroits pour se rappeler. Je te conseille chaudement la lecture de Maus, une bande dessinée d'Art Spiegelman sur la Shoah.
Effectivement, nous avons croisé beaucoup de groupes scolaires (principalement israéliens) et je trouve que c'est une excellente initiative.
Merci pour ton commentaire et si tu as la moindre question sur un voyage, je me ferais un plaisir de te répondre !
C'est l'une des visites que je veux absolument faire dans ma vie. J'ai visité le camps de Breendonk lorsque j'avais 11 ans avec l'école mais ce n'est pas du tout la même chose. Breendonk était surtout utilisé pour faire parler les gens (1 gardien/10 prisonniers) au moyen de la torture pour ensuite les envoyer dans d'autres camps.
C'est bien qu'il y avait autant de touristes! J'avais lu quelque part qu'il n'y avait plus assez de visiteurs et que du coups l'avenir du musée était en péril ...
Il y a quelques année des gens ont fais un test avec un faux jeu télévisé où on devais électrocuter quelqu'un si il répondait mal.
Ils ont dit qu'ils voulaient essayer de comprendre ce qui se passait dans la tête des nazis, pour obéir sans vraiment réfléchir.
C'est le devoir de chacun d'aller en pélerinage dans les camps de la mort même si on est pas israelien,j'y ai été avec l'école et aujourd'hui ma vision du monde à changé.N'OUBLIONS JAMAIS!
ne pas confondre israelien et israelite
Effectivement, israélien et israélite sont deux termes bien distincts qui n'ont pas du tout la même signification. C'est pourquoi j'ai utilisé le mot "israélien" car les groupes que nous avons rencontré venaient d'Israël !
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